Page:Suarès Péguy.djvu/70

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forts souliers, larges, bien cirés ; mais il venait de la campagne, et il lui en restait de la boue rouge et jaune qui n’est pas de Paris.

Quand il entrait, nous reprenions un entretien laissé depuis huit ou quinze ou vingt jours. Comme un signet dans un livre rend le lecteur à la page, un regard rétablissait entre nous le texte de la vie, avec ses soucis, ses grandeurs, ses ivresses, et notre part à chacun dans la terrible affaire. On ne parle que d’œuvres et d’idées : mais chaque mot est nourri de vie réelle.

Il n’avait pas la voix forte, mais un peu molle, et le souffle court. Son accent était d’Orléans, très bon, très pur, sans faute, et un peu mol aussi. Son débit