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Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/101

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monument funéraire de noire famille, tant je redoutais la cruelle impression que je devais ressentir ; un jour je maudissais ma faiblesse, lorsque Hélène me dit : « Ayez donc plus de courage, Arthur ; venez, je vous accompagnerai. »

La mère d’Hélène étant souffrante ne put venir avec nous : nous y allâmes seuls.

Mon émotion était si violente, que je tremblais ; je pouvais à peine me soutenir. Hélène, peut-être aussi émue que moi, le paraissait moins ; aussi en arrivant sous le péristyle du tombeau, je m’évanouis…

Quand je repris mes sens, je vis Hélène agenouillée près de moi ; je sentis ses larmes — m’inonder les joues ; car de ses deux mains elle soutenait ma tête. Pour la première fois, enfin, chose étrange ! malgré la sainteté du lieu, malgré les déchirantes pensées qui me devaient accabler, pour la première fois je fus frappé de la beauté d’Hélène… Puis cette sensation passa rapide comme un songe ; je revins à des idées d’une profonde tristesse, je pleurai beaucoup, et nous revînmes au château.

Depuis, j’allais avec Hélène presque chaque jour au cimetière ; au lieu d’une douleur âcre et aiguë, je ressentis peu à peu une mélancolie