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Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/103

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pour lui d’une affection si dévouée ; si filiale, que cette espèce de sentiment tout fraternel n’avait pu changer.

Hélène avait trois ans de moins que moi ; elle était blonde et pâle : son abord était bienveillant mais froid, et ses grands yeux bleus, son nez aquilin, son large et beau front, souvent penché, lui donnaient à la fois un air imposant et mélancolique ; enfant, elle avait toujours été pensive ; c’était un caractère silencieux et concentré, indifférent aux joies et aux plaisirs de son âge ; toujours très-sédentaire, très-nonchalante ; elle riait fort peu et rêvait souvent ; ses sourcils d’un blond cendré plus foncé que ses magnifiques cheveux, étaient abondants et peut-être trop accusés ; son pied charmant, et sa main un peu longue, d’une beauté antique ; sa taille élevée, souple et mince, était d’une perfection remarquable, mais elle se tenait très-mal, et par indolence courbait presque toujours ses blanches et rondes épaules, malgré les continuelles remontrances de sa mère.

Quant à son esprit, il ne m’avait jusqu’alors jamais frappé ; elle s’était montrée remplie de prévenances et de délicatesse dans l’affection qu’elle avait témoignée à mon père, et, je l’ai