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Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/114

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pièce ainsi éclairée ; aussi la conversation, d’abord assez animée, tomba peu à peu.

Ma taille avait parlé de mon père ; ce souvenir nous attrista tout différemment : à elle, il rappela un frère aimé ; à madame de Verteuil, le sort funeste qui peut-être menaçait sa fille ; et à moi, de nouveau, mon coupable oubli.

Bientôt nous gardâmes tous le silence ; j’étais assis à côté d’Hélène, ma tête dans mes mains. Je ne sais pourquoi je me reprochai presque ce luxe que je déployais déjà ; j’éprouvais un remords puéril en songeant qu’au lieu de faire notre promenade habituelle dans la voilure sombre et ancienne qui avait appartenu à mon père, et menée par des gens qui avaient été à lui, je m’étais servi d’une voiture leste, élégante, conduite par des domestiques étrangers. Encore une fois, rien de plus puéril sans doute ; aussi, je ne comprends pas pourquoi cela m’affecta péniblement.

Après quelque temps de réflexions, je laissai retomber ma main sur l’appui de mon fauteuil : j’y trouvai la main d’Hélène, je rougis beaucoup, et mon cœur se serra étrangement ; lorsque Hélène sentit ma main, la sienne devint froide presque subitement, comme si tout son sang eut reflué vers son cœur ; je n’osais