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Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/116

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« Te souviens-tu, Hélène, de nos transes de petites filles quand tu fêtais sa fête ? »

Hélène rougit beaucoup, fit un mouvement de dépit, et répondit brusquement à son amie : « Je ne vous comprends pas. » La pauvre enfant se tut, et nous rentrâmes tous trois fort tristes.

Le lendemain, rencontrant mademoiselle de Verteuil dans la bibliothèque, je voulus savoir d’elle le sens de ces mots qui, la veille, avaient paru faire tant d’impression sur Hélène. Après de longues hésitations, elle finit par m’avouer qu’au couvent, chaque année, Hélène célébrait ma fête avec une solennité enfantine ; les préparatifs se bornaient à acheter un gros bouquet de fleurs qu’elle nouait avec un beau ruban, sur lequel elle avait mystérieusement brodé les initiales de mon nom ; et puis elle allait poser ce bouquet sur un vase de marbre qui gisait mutilé dans un coin retiré du jardin du couvent, et passait ses heures de récréations en prières devant ce bouquet, demandant à Dieu un heureux voyage pour moi.

Mademoiselle de Verteuil ne tarissait pas sur les terreurs d’Hélène, alors qu’elle craignait d’être surprise en brodant le ruban, et de ses