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Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/124

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mûriers sauvages se coloraient d’un rouge ardent. À droite, s’étendait une colline de terres labourées dont les tons bruns tranchaient vivement sur une large zone de lumière orange, que projetait le soleil couchant ; au-dessus, de grandes masses de nuages, d’un gris bleuâtre et foncé, s’entassaient lourdement comme autant de montagnes aériennes. Quelques feux de chaumes étincelaient çà et là, allumés sur le versant de ces terres, voilées par la brume du soir, et les légères spirales de leur fumée blanche se fondaient peu à peu dans ces vapeurs amoncelées. Enfin, sur la crête de cette colline, passait lentement, au bruit monotone de leurs clochettes, un troupeau de grands bœufs, qui, se détachant en noir sur l’horizon empourpré des dernières lueurs du jour, semblaient énormes par cet incertain crépuscule…

Je ne saurais dire pourquoi l’aspect de cette soirée, pourtant si calme et si mélancolique, m’affecta péniblement ; Hélène aussi pensive s’appuyait sur mon bras.

Après un long silence, elle me dit : « Je ne saurais rendre ce que je ressens, mais il me semble que j’ai froid au cœur. »

Étant moi-même absorbé par d’inexplicables et chagrines préoccupations que je cachais à