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Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/135

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mais l’impression avait été vive et forte, et je ne pus échapper à mon ressentiment.

Plus calme, je m’assis devant ce portrait.

Peu à peu, mes longues conversations avec mon père me revinrent à la pensée, ainsi que ses maximes désolantes, ses doutes sur la vérité ou la durée des affections. Autant j’avais senti mon cœur se dilater naguère, autant il se resserrait alors avec angoisse : le souvenir de mon indifférence, de mon oubli pour sa mémoire, m’indignait contre moi-même ; mais voulant sortir de ce cercle de pensées amères, je me mis pour ainsi dire à consulter mentalement mon père sur la résolution que je venais de prendre d’épouser Hélène.

Tout en songeant à cet avenir qui me semblait riant et beau, j’attachais mes yeux sur ce pâle et muet visage, auquel je demandais follement d’approuver les pensées qui m’agitaient ; mais son impassible et triste demi-sourire de dédain me glaçait…

J’aime Hélène du plus profond amour, disais-je en étendant les mains vers lui… Cette impression ne me trompe pas ?… La résolution noble et généreuse que j’ai prise doit assurer mon bonheur et celui d’Hélène… n’est-ce pas, mon père ?…