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Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/139

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qu’Hélène m’avait dit éprouver au couvent, mon doute exécrable le flétrit ; j’osai accuser en moi madame de Verteuil et sa fille d’être complices d’Hélène et de sa mère, et d’avoir imaginé cet épisode pour m’aveugler plus sûrement.

Sans doute, la supposition d’une si basse tromperie était odieuse et stupide ; il était aussi affreux qu’incroyable de douter ainsi, à vingt-trois ans à peine… quand dans la vie rien d’amèrement expérimenté jusque-là, quand aucune déception passée n’avait pu autoriser un pareil scepticisme !…

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Triste avantage, hélas ! car on ne peut nier du moins que, cuirassé d’un doute si incarné, et armé d’une défiance si sagace, on ne puisse impunément braver les faux-semblants et les tromperies du monde… Mais de même que le corselet d’acier qui vous défend de l’épée ennemie vous rend aussi impénétrable à la douce chaleur d’une main amie ; de même le scepticisme, cette armure de fer, froide et polie, vous garantit des perfidies du fourbe, mais vous rend, hélas ! impénétrable à l’ineffable croyance d’une affection véritable.

Puisque maintenant j’analyse et je creuse