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Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/151

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tard encore, lorsque votre pauvre mère mourut… il me sembla que les derniers liens qui restassent à serrer entre nous le fussent par cette horrible perte ; car de ce moment vous me parûtes entièrement isolé, malheureux, et privé de la seule personne en qui vous eussiez jamais eu confiance… Ce fut à cette époque que nous vînmes ici… habiter avec votre père. Ma mère me disait souvent : « que bien que très-bon pour vous… votre père était froid et sévère… » En effet, il me paraissait si grave, si triste, vous me sembliez toujours si craintif en sa présence et si chagrin, si sombre après les conversations que vous aviez avec lui le matin, que je vous plaignais plus amèrement encore, et que mon amour pour vous s’augmentait de toutes les amères souffrances que je vous supposais. Pourtant, tout en redoutant beaucoup votre père, je ne pouvais m’empêcher de l’aimer ; il souffrait tant !… et puis, en me montrant toujours attentive et prévenante pour lui, je pensais encore vous prouver mon amour… Enfin, Arthur, quand vous avez eu la douleur de le perdre, vous voyant seul au monde, il m’a semblé que désormais mon sort était lié au vôtre, que le destin de toute ma vie avait été et devrait être de vous aimer, de vous