Aller au contenu

Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/159

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

écrasé de son poids morne et glacé… et sans me rendre compte de cette terreur, la vie du monde m’effrayait… Comme un malheureux que le vertige saisit, je contemplais l’abîme dans toute son horreur, et cependant une attraction fatale et irrésistible m’y entraînait…

Pénétré de ces craintes, de ces pensées, je me décidai à tout tenter pour détruire dans le cœur d’Hélène l’affreuse impression que j’avais dû y laisser.

Le cinquième jour après cette scène fatale, je pus me présenter chez ma tante ; je la trouvai très-pâle, très-changée. Dans notre longue conversation, je lui avouai tout, mes doutes affreux et ce qui les avait causés, ma dureté avec Hélène, son dédain effrayant quand mes sordides et malheureux soupçons s’étaient révélés. Mais je lui dis à quelle influence de souvenir j’avais obéi en agissant si cruellement ; je lui rappelai les maximes désolantes de mon père, je cherchai une excuse dans l’impression ineffable qu’elles avaient dû laisser en moi ; je lui peignis la malheureuse position d’Hélène aux yeux du monde si elle s’opiniâtrait dans son éloignement pour moi. Car ces bruits étaient calomnieux sans doute, mais enfin ils existaient, et maintenant c’était à genoux, au