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MADAME
LA MARQUISE DE PËNÂFIEL.


CHAPITRE XI.

PORTRAITS.


Un an après mon arrivée à Paris, les paisibles jours que j’avais passés à Serval avec Hélène me semblaient un songe, songe frais et fleuri, qui contrastait trop tristement avec mes impressions nouvelles pour que j’y reportasse souvent ma pensée. De ce moment aussi, j’acquis cette conviction : que la prétendue douceur des souvenirs est un mensonge ; dès qu’on regrette le passé, les souvenirs sont pleins d’amertume, et, par cette comparaison même, le présent devient plus odieux encore.

L’éclatant refus d’Hélène m’avait profondément blessé dans mon amour et dans ma vanité ; je mis donc de l’orgueil à ne pas me trouver malheureux, et je réussis du moins à m’étourdir. Je parvins d’abord à être ravi de me voir libre, et à faire mille rêves d’or sur