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Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/189

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veilles ; d’ailleurs, je m’en divertis sans pitié, parce qu’il ne se contente pas d’être sot, et qu’il est encore fat et vain. Il faut, par exemple, voir l’air mystérieux avec lequel il vous montre des enveloppes de lettres à cachets armoriés, toutes d’ailleurs à son adresse ; il faut l’entendre vous demander, en se rengorgeant : — Connaissez-vous l’écriture de la comtesse de ?… de la marquise de ?… de la duchesse de ?… (le mot de madame était de trop mauvaise compagnie pour lui). — Et puis, le petit homme vous montre en effet de ces écritures-là, qui ne sont autre chose que des demandes sans fin pour des quêtes, des bals, des loteries ; car toutes les femmes de ma connaissance, à qui je le désigne comme victime, l’en accablent sans scrupules et par douzaines… ce qui le rend bien le garçon le plus philanthropiquement ridicule que je connaisse. — Mais, — dit M. de Cernay en s’interrompant, — j’entends une voiture, je parie que c’est du Pluvier ; vous allez voir quelque chose qui mérite votre admiration.

En effet, nous allâmes à la fenêtre, et nous vîmes entrer dans la cour une calèche attelée d’assez beaux chevaux ; mais la voiture et les harnais étaient surchargés d’ornements de cuivre du plus mauvais goût ; ses gens, vêtus de