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Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/221

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leurs genoux nerveux avec une énergie presque convulsive. Lorsqu’ils passèrent devant moi ils n’étaient pas à dix pas de la barrière ; à ce moment je vis M. de Merteuil donner un vigoureux coup de cravache à son cheval, en l’attaquant en même temps de ses deux éperons, sans doute pour l’enlever plus assurément sur l’obstacle. Le brave cheval s’élança en effet avant son rival, qu’alors il dépassa d’une demi-longueur au plus ; mais, soit que les forces lui manquassent, soit qu’il eut été imprudemment poussé à ce moment, au lieu d’avoir été un instant rassemblé, afin que son saut fût facilité par ce temps d’arrêt, Captain-Morave chargea si aveuglément la poutre que ses pieds de devant s’y engagèrent…

Alors entendant toute cette foule pousser un seul et formidable cri ! je vis le cheval et le cavalier culbuter et rouler dans l’allée au moment où M. de Senneterre, plus habile ou mieux monté, faisant faire un bond énorme à son cheval Beverley, franchissait l’obstacle qu’il laissa loin de lui, ne pouvant encore arrêter l’impétueux élan de sa course.

Tout le monde se précipita autour du malheureux M. de Merteuil… N’osant pas en approcher, tant je redoutais cet affreux spectacle,