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Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/236

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J’examinai attentivement M. de Cernay ; sur son charmant visage je crus lire une expression assez dépitée, pour ne pas dire haineuse, que j’avais déjà cru remarquer lorsqu’il parlait de madame de Pënâfiel. J’eus envie de lui répondre qu’il savait mieux que pas un que tout ce qu’on racontait d’Ismaël était faux et stupide, et que d’ailleurs, de toute façon, madame de Pënâfiel ne pouvait guère agir autrement qu’elle n’agissait ; car, si les bruits étaient fondés, elle devait à soi-même de les démentir par l’extrême et parfaite indifférence qu’elle affectait ; s’ils étaient faux, celle indifférence devenait toute naturelle. — Mais n’ayant aucune raison pour me déclarer une seconde fois le défenseur de madame de Pënâfiel, je me bornai à faire quelques questions sur elle, après avoir laissé s’exhaler la singulière indignation du comte.

— Quelle est cette jeune femme brune et fort jolie qui accompagnait tout à l’heure madame de Pënâfiel ? — lui demandai-je

— Mademoiselle Cornélie, sans doute, sa demoiselle de compagnie ! Dieu sait la vie que mène la pauvre fille ; sa maîtresse est pour elle d’une dureté, d’une tyrannie sans égale ! et lui fait payer bien cher, dit-on, le pain qu’elle