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Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/256

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dit M. de Cernay en m’interrogeant d’un regard curieux et pénétrant.

— Sans le désirer très-vivement, je ne vous cache pas que madame de Pënâfiel inspire, sinon l’intérêt, du moins la curiosité.

— Allons, de la curiosité à l’intérêt il n’y a qu’un pas, de l’intérêt à l’amour un autre pas ; en un mot, je suis sur que vous serez amoureux fou de madame de Pënâfiel. Mais prenez bien garde ! — me dit le comte.

— Malgré tous les dangers qu’il peut y avoir, je désirerais vivement, — lui dis-je, — réaliser votre prédiction, car je ne sais rien de plus heureux au monde qu’un homme amoureux, même lorsqu’il aime sans espoir.

— C’est justement pour cela que j’ai voulu vous mettre bien au courant du véritable caractère de madame de Pënâfiel, afin que vous sachiez an moins à quoi vous en tenir si vous lui étiez présenté ; vrai, je ne voudrais pas vous voir rendu malheureux par elle, — me dit le comte avec une expression de si parfaite bonhomie que je ne sais en vérité si elle était feinte ou réelle. — Entre gentilshommes, — ajouta-t-il, — ce sont de ces services qu’on se doit rendre ; mais, tenez, franchement, il faut l’intérêt inexplicable que vous m’inspirez, il faut