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Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/264

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autrement ? De quel droit exigerais-je un autre sentiment de vous ? de quel droit l’exigeriez-vous de moi ?

— Mais ce que vous dites là est exceptionnel, tout le monde ne pense pas comme vous.

— Je l’espère bien pour tout le monde ; car je crois ne ressembler à personne, par cela même que je ressemble à tous.

— El sans doute avec ces principes-là vous méprisez aussi singulièrement les femmes et les hommes ? — me dit le comte.

— D’abord je ne méprise pas les hommes, — lui dis-je, — par une raison très-simple ; c’est que moi, qui ne suis ni pire ni meilleur qu’un autre, je me suis mis souvent, par la pensée, aux prises avec quelqu’une de ces questions qui décident à tout jamais si on est un honnête homme ou un misérable.

— Eh bien ? — fit le comte.

— Eh bien ! comme j’ai toujours été très-franc avec moi-même, j’ai souvent beaucoup plus douté de moi que je n’ai encore douté des autres ; je ne puis donc pas mépriser les hommes. Quant aux femmes, comme je ne les connais pas plus que vous ne les connaissez, il m’est aussi impossible d’en parler d’une manière absolue.