Aller au contenu

Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/30

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

foncée, une cravate noire et la croix d’honneur ; avec ça le visage couleur de cuivre et une taille désossée, dans les modèles de celle de feu le commandant Calebasse, mon ancien chef d’escadron du neuvième hussards… un grand dur à cuire, tout nerfs et tout os.

— Et tu n’en as pas entendu parler depuis ?

— Non, monsieur… Ah ! j’oubliais de vous dire que, pendant que j’étais à l’attendre, j’ai entendu comme deux ou trois coups de fusil. Voilà tout ; probablement qu’on s’amusait par là à tirer des grives dans les vignes… »

Cette boîte lourde et carrée me revint à l’esprit, et je frissonnai, pensant que peut-être un duel sans témoins cl acharné avait ensanglanté celle solitude ; mais l’espèce de ruse Bouffonne employée par ce personnage pour aller vite et à bon marché me semblait contredire cette pensée de combat : une telle combinaison me paraissait peu naturelle dans un moment aussi sérieux, Ce qui me frappait pourtant extrêmement, c’est que personne n’était revenu de ce singulier village, « où on allait, comme disait naïvement mon guide, et dont on ne revenait pas. » Pourtant le notaire m’avait assuré que la seule habitation convenable qu’il y eût dans cet endroit était à vendre… Qu’étaient