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Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/48

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l’y attacher encore ; j’aperçus alors un objet que je n’avais pas encore remarqué : c’était un portrait d’homme posé sur un chevalet recouvert de velours bleu. Dans l’espèce d’ovale que formaient à leur sommet les deux branches de chevalet en se recourbant, je vis un chiffre composé d’un A et d’un R, surmonté d’une couronne de comte. Ce portrait était dessiné au pastel… ayant quelques connaissances en peinture, j’y reconnus facilement la même main qui avait ébauché la figure d’enfant.

La tête, attachée à un col svelte et élégant, se détachait pâle et éclatante d’un fond rouge-brun très-sombre, et des vêtements entièrement noirs coupés, par fantaisie sans doute, à la mode de Van-Dyck.

Cette figure, jeune et hardie, avait un caractère frappant de haute intelligence, de résolution et de grâce que je n’oublierai de ma vie. L’ovale en était allongé, le front haut, proéminent, très-découvert, très-uni, sauf un pli extrêmement prononcé qui séparait les sourcils, dont l’arc, non plus que celui des orbites, semblait presque insensible, tant il était droit ; les cheveux châtain-clair, rares, fins et soyeux, et rejetés en arrière, ondoyaient légèrement sur les tempes ; les yeux fort grands, fort beaux,