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Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/104

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est-il injuste et si cruel à mon égard ? à qui ai-je fait du mal ! Ah ! si vous saviez !… si je pouvais tout vous dire !!

Cette plainte me parut d’un enfantillage si ridicule, ces réticences si misérablement calculées pour exciter mon intérêt, que, d’un air très-dégagé, je me mis à faire au contraire l’apologie du monde.

— Puisque vous me permettez de vous parler en ami, madame, laissez-moi vous dire qu’il ne faut pas, non plus, trop déchirer le monde. Demandez-lui ce qu’il peut et doit en conscience vous donner : des fêtes, du bruit, du mouvement, des hommages, des sourires, des fleurs, des salons dorés ; avec cela, la morale la plus large et la plus commode qu’on puisse désirer. Or, s’il donne tout cela, et avouez qu’il le donne, ne fait-il pas tout ce qu’il peut… tout ce qu’il doit… ce pauvre monde ! qu’on attaque incessamment, et auquel on ne peut reprocher que de trop prodiguer ses trésors ?

— Mais vous savez bien que tout cela ment ? Ces sourires, ces hommages, ces prévenances, cet accueil, tout cela est faux… vous le savez bien ! Si vous recevez, quand la dernière visite sort de chez vous, vous dites… Enfin !!! Si