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Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/112

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— Parlez-moi comme à une sœur ! — me dit-elle en me tendant la main, souriante et heureuse sans doute de me voir enfin en confiance avec elle.

Je pris cette belle main, que je baisai ; — puis je repris :

— Comme à une sœur ?… comme a une sœur, soit ; car, dans toute cette divertissante comédie, vous me destiniez le rôle d’un frère honorablement niais qui s’apitoie et se lamente sur les amours méprisés de sa sœur.

Madame de Pënâfiel me regarda stupéfaite ; ses jeux étaient fixes ; ses mains retombèrent sur ses genoux ; elle ne trouva pas une parole. — Je continuai.

— Mais il ne s’agit pas encore de cela ; je vais vous dire d’abord… en ami, les diverses convictions qui, grâce à la connaissance que je crois avoir de la franchise de votre caractère, se sont succédé dans mon esprit, depuis votre délicieuse prosternation au pied du crucifix. Quant à cette charmante pantomime, je dois dire que vous avez posé à ravir et tout à fait en artiste… Vos yeux éplorés et levés au ciel, vos mains jointes, votre accablement, vos larmes retenues, tout cela était feint à merveille ; aussi, ne croyant pas du tout à vos chagrins, mais