Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/125

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matin ; j’ai enfin voulu vous apprendre… —

Ici, ses pauvres lèvres, en se contractant, tremblèrent agitées par ce léger mouvement involontaire, presque convulsif, qu’elles éprouvent lorsque les larmes venant aux yeux on veut comprimer ses sanglots. — J’ai voulu… — répéta donc madame de Pënâfiel d’une voix éteinte. Puis, ne pouvant continuer, interrompue par ses pleurs, elle cacha sa tête dans ses mains, et je n’entendis que ces mots prononcés d’un accent déchirant et étouffé : — Ah !… pauvre malheureuse femme que je suis !

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— Oh, pardon… pardon, Marguerite ! — m’écriai-je en tombant â ses pieds ; — mais vous ne saviez pas que je vous aimais… que je vous aime !  !…

— Vous m’aimez ?

— Avec délire, avec ivresse !

— Il m’aime !  ! il ose me dire qu’il m’aime !… — reprit-elle d’un air indigné.

— Ce matin ! le secret de mon âme est venu vingt fois sur mes lèvres ; mais en vous voyant si malheureuse… en recevant vos confidences si désespérées…

— Eh bien ?…

— Eh bien !… j’ai cru, oui, j’ai cru qu’un