Aller au contenu

Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/163

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dre en larmes, et m’a dit : — On croit pourtant à l’éternelle durée d’autres affections… puisqu’on ose s’y livrer…

J’étais si profondément heureux que peu à peu je l’ai rassurée. Sa tristesse s’est en partie dissipée, et je ne saurais exprimer avec quelle tendresse ineffable et presque maternelle elle m’a parlé de l’avenir de mes projets, de son impatience de me voir abandonner la vie stérile et oisive que je menais, et dont le vide, m’a-t-elle dit, m’avait causé tant de chagrins.

Je lui ai répondu qu’à cette heure ces reproches n’étaient pas fondés, et qu’il ne fallait pas m’accuser d’être malheureux et inoccupé, puisque, passant ma vie à l’adorer, je me trouvais le plus heureux et le plus délicieusement occupé de tous les hommes.

Comme j’ajoutais mille folies à ce commentaire, Marguerite, me prenant par la main, m’a dit avec une inexprimable expression de bonté, d’amour et de doux reproche, en attachant sur moi ses grands yeux humides de larmes : — Vous êtes bien gai… Arthur !

— C’est que je suis si heureux, si complètement heureux !!!

— Cela est singulier, — m’a-t-elle dit ; — moi aussi je suis heureuse, complètement heu-