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Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/48

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qui faisaient alors le siège de Bellegrade, que l’étudiant satisfit tous ses vœux, qui ne dépensèrent pas plus de cinquante à soixante mille Turcs. — Le conte est vulgaire, — reprit la marquise ; — mais je voudrais savoir si beaucoup d’humains, sûrs du secret, résisteraient à la tentation de prononcer le mot fatal, s’il s’agissait de réaliser ainsi un vœu bien ardemment désiré ?

— C’est tout bonnement ce qu’on appelle, je crois, un homicide véniel, — dit lord Falmouth ; — et quant à moi, — reprit-il, — si le désir en valait la peine, c’est-à-dire s’il s’agissait de l’impossible… par exemple, d’avoir le bonheur d’être distingué par vous, madame la marquise, certes je ne regarderais pas à l’existence de quelque obscur habitant… du Groenland, par exemple, d’un Lapon, parce que c’est plus petit, et que le péché serait sans doute moins grand… »

La marquise sourit en haussant les épaules, et me dit : « Et vous, monsieur, pensez-vous que le plus grand nombre hésiterait longtemps entre son désir et le mot fatal ?

— Je crois qu’il y aurait si peu d’hésitation, madame, et même de la part de gens les plus honorables, comme on dit, que si dans notre