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Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/86

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d’une conférence, et venir au sortir du prêche en donner des nouvelles et dire s’il a réussi, — toujours comme s’il s’agissait d’un nouvel opéra. —

Grâce à cette pratique assidue de la chaire et de la sacristie, ainsi qu’à la vigueur de ses jarrets, le chrétien danseur, admis et posé comme tel, jouit alors des privilèges attachés à cette position excentrique.

Chrétien partout, chrétien toujours, au bal, au spectacle, à table, aux champs, à la ville, debout, assis, couché, en songe ou éveillé, il fait de l’intolérance, de l’inquisition, de l’indignation ; — il vous classe d’un mot, — au paradis, — ou en enfer ; — il fulmine d’éclatants anathèmes sur la nouvelle Gomorrhe en buvant du punch, ou crie Babylone ! Babylone ! en soupant comme un ogre. Enfin, jetant un terrible cri de désolation, il annonce la prochaine et menaçante probabilité du jugement dernier en dansant le cotillon. —

Après quoi, harassé, brisé par les fatigues du prêche et du bal, il se couche, et se trouve bientôt oppressé par un affreux cauchemar. Il rêve qu’il est confesseur, et que sa dernière valseuse, avec laquelle il a pourtant beaucoup admiré l’honnête modestie de Joseph fuyant