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Page:Sue - Arthur, T3, 1845.djvu/153

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renvoyer dans leurs familles, qui à Samos, qui à Lesbos, qui à Scyros…

Je déclare avec un certain orgueil qu’alors éclatèrent des pleurs, des cris et des sanglots qui n’eussent pas été déplacés aux funérailles d’Achille ou dans la myriologie funèbre de quelque illustre chef albanais.

Daphné s’enveloppa silencieusement la tête dans son voile, s’assit par terre et resta immobile ; ou eût dit la statue de la Douleur antique.

Noémi manifesta son désespoir en battant avec rage un des nains noirs qui ricanait méchamment dans un coin ; tandis que la blonde Anathasia, tombant à mes genoux, me prit timidement la main qu’elle baisa en levant vers moi ses beaux yeux bleus baignés de larmes, et me dit d’une voix suave, dans le doux parler d’Ionie : « O seigneur ! seigneur ! après vous que deviendront, s’il vous plait, vos pauvres tilles grecques ?… »

— Et vos vieux pères !… et vos tendres mères !… et vos braves frères !… et vos beaux fiancés ?… — m’écriai-je, — vous n’y songez donc plus, oublieuses que vous êtes ! »

Comptant sur l’effet de ces paroles magiques,