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Page:Sue - Arthur, T3, 1845.djvu/165

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nouveau le costume albanais, Daphné et surtout cet insupportable du Pluvier, que je donnais au diable, et qui redoublait de protestations cordiales pendant que tous les yeux étaient fixés sur nous.

Il me fallait nier opiniâtrement que je fusse moi-même, et faire passer le petit homme pour un fou, ou avouer cette ridicule mascarade…

Je pris bravement ce dernier parti.

Je me levai.

J’allai respectueusement saluer madame de Fersen, et, lui demandant mille fois pardon de l’avoir un instant trompée, je lui avouai franchement que, surpris par sa visite en flagrant délit d’orientalisme et de harem, j’avais préféré rester à ses yeux un Albanais sauvage que de passer pour un Français ridicule.

Elle accueillit cette excuse avec une grâce toute charmante, qui fut pourtant nuancée d’un peu de malice lorsqu’elle exprima son étonnement de retrouver un homme du monde ainsi travesti.

Il est inutile de dire que madame de Fersen parle français comme un Russe, c’est-à-dire sans le moindre accent.