Aller au contenu

Page:Sue - Arthur, T3, 1845.djvu/195

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de la discipline militaire la plus despotique ; quoique par habitude et par nature ils se montrent pleins de déférence et de respect pour les officiers appartenant à la haute aristocratie, officiers dont ils s’honorent surtout, ainsi que les nègres se montrent plus fiers d’avoir pour maître un blanc qu’un mulâtre, tout révèle en eux cet indomptable orgueil national, cette insolente fierté bretonne, qui rendent le matelot anglais un des meilleurs matelots du monde, parce qu’il est toujours poussé ou soutenu par le sentiment outré de sa propre valeur, par sa foi profonde dans la supériorité de son pays sur les autres nations maritimes.

Or, quelque insensés qu’ils soient, le fanatisme ou la foi opèrent toujours des prodiges.

Les matelots russes témoignaient au contraire une obéissance passive presque religieuse, une résignation aveugle et un dévouement machinal à la volonté de leurs chefs, auxquels ils semblaient presque reconnaître une nature supérieure à la leur. Aussi on sentait qu’un mot, qu’un signe de ces officiers pouvait élever la résignation et le dévouement intrépide des marins russes jusqu’à l’héroïsme de l’abnégation personnelle.

Singulière différence entre le génie de ces