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Page:Sue - Arthur, T3, 1845.djvu/215

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maintenant que j’ai fermé vos jolis rideaux…

Il y a dans les premières phases de l’amour naissant des riens adorables dont savent jouir les âmes délicates.

Je trouvais charmant de pouvoir parler à demi-voix à madame de Fersen, sous le prétexte de ne pas éveiller sa fille. Il y avait dans cette nuance si différente en apparence quelque chose de tendre, de mystérieux, de voilé qui me ravissait.

Irène ferma bientôt ses longues paupières.

— Comme elle est belle ainsi !… — dis-je tout bas à sa mère ; — qu’il y a de bonheur écrit sur son beau front !

Dirai-je que j’attendais presque avec anxiété la réponse de madame de Fersen, afin de savoir si elle aussi me parlerait tout bas ?…

Dirai-je que je fus heureux… oh ! bien heureux, en l’entendant garder le même accent ?…

— Puissiez-vous dire vrai, monsieur ! — reprit-elle. — Puisse-t-elle être heureuse !…

— Je ne pouvais lui faire à elle toute ma prédiction, madame, elle ne l’aurait pas comprise ; mais voulez-vous que je vous dise, à vous… mon rêve pour elle ?…

— Sans doute…