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Page:Sue - Arthur, T3, 1845.djvu/22

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tement le passé, mais je ne le haïssais plus, et la foi généreuse que j’avais en moi pour l’avenir calmait l’amertume de mes regrets.

Enfin, pendant les pures et religieuses aspirations de mon cœur vers une amitié consolante, je ne saurais dire le bonheur qui me transportait ; ainsi que Dieu embrasse d’un seul regard tous les âges de l’éternité, au soudain rayonnement de ma jeune espérance, il me semblait découvrir tout à coup l’horizon de la félicité que je rêvais, mille ravissements nouveaux, mille joies enchanteresses ; à ces mots un ami, je sentais s’éveiller en moi les instincts les plus nobles, l’enthousiasme le plus généreux. J’étais alors sans doute bien digne d’inspirer et de partager ce sentiment si grand et si magnifique, car j’en ressentais toutes les sympathies, j’en comprenais tous les religieux devoirs, et j’en éprouvais tous les bonheurs !

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Mais, hélas ! cette extase durait peu, et de cette sphère radieuse je retombais souvent dans le noir abîme du doute le plus détestable, du scepticisme le plus humiliant.

Ma défiance de moi et ma crainte d’être dupe des sentiments que j’éprouvais s’exaltaient jusqu’à la monomanie la plus ombrageuse.