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Page:Sue - Arthur, T3, 1845.djvu/236

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Je suis absolument sans conséquence, je le sais ; vous me connaissez maintenant assez pour ne pas croire que j’exagère mon importance par une misérable et sotte fatuité. Mais qu’est-ce que cela fait au monde pourvu qu’il médise ?… Ne sait-il pas d’ailleurs que sa médisance sera d’une portée d’autant plus odieuse, que l’objet du coupable amour qu’il suppose sera moins digne de cet amour ? Nos sociétés seront les mêmes, madame, chaque jour on me verra chez vous, on me verra dans les promenades avec vous, dans le monde avec vous ; et vous croyez, et vous voulez que la jalousie, que l’envie, que la haine ne saisissent pas cette précieuse occasion de se venger de votre esprit, de votre beauté, de votre grande position ! et par-dessus tout, de votre éclatante vertu, la plus précieuse perle de votre noble couronne !… Mais vous n’y songez pas, madame ; le type de nos juges-bourreaux a dit : — Donnez-moi quatre lignes de l’écriture du plus honnête homme du monde, et je me charge de le faire pendre !… Le monde, cet autre juge-bourreau, peut dire avec la même assurance : — Donnez-moi quatre jours de la vie de la plus honnête femme du monde, et je me charge de la déshonorer.