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Page:Sue - Arthur, T4, 1845.djvu/181

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Cette voix, d’une remarquable étendue, révélait une excellente méthode. Son expression était pleine de charme et de mélancolie.

Ma surprise fut extrême ; le chant avait cessé, et pourtant j’écoutais encore, lorsque je vis paraître sur le seuil de la petite porte cintrée une femme de cinquante ans environ, vêtue d’une robe noire et d’un bavolet blanc comme la neige.

Lorsque cette femme m’aperçut, elle me regarda d’un air à la fois inquiet et interrogatif Elle était de taille moyenne, robuste, brune et hâlée ; sa physionomie avait une expression de franchise et de douceur remarquable.

« Qu’y a-i-il pour votre service, monsieur ? — me demanda-t-elle avec une demi-révérence qu’elle crut devoir à mon pauvre vieux poney, et à mon costume de gentleman-farmer [1], comme disent les Anglais.

Il commence à pleuvoir, madame ; voulez-vous me permettre de rester ici un moment à l’abri, et me dire si je suis bien loin du village de Blémur ?

Cette interrogation n’était qu’un prétexte

  1. Gentilhomme fermier.