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la bonne aventure.

n’ai pourtant vu que deux fois, et pendant cinq minutes ! C’est inexplicable, c’est fou, c’est absurde, mais c’est opiniâtre et violent comme tout caprice et tout dernier caprice, chez un homme de mon âge… Est-ce que je n’ai pas la faiblesse, la sottise de passer chaque jour devant sa boutique, comme un écolier, afin de tâcher d’entrevoir cette petite mine si piquante et si coquine, que je ne peux pas chasser de mon esprit, et que je ne veux pas en chasser, moi ; car, après tout, en y pensant, je me sens rajeuni de vingt ans !

En effet, M. de Morsenne, dans cet entretien qui lui rappelait ses beaux jours de séductions et de poursuites amoureuses, se plaisait à affecter une pétulance juvénile qui