Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/17

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— Je crois bien… que faite comme vous l’êtes ça serait gentil, et très-gentil encore, ô le plus rose de tous les pompons dont l’Amour ait jamais orné son carquois !!!

— Allez donc prêcher le carême et la morale dans votre journal… gros apôtre ! dit Rose-Pompon en allant restituer la chemise écarlate au costume de Philémon.

— Ah çà ! est-ce que nous allons converser longtemps ainsi à travers la porte, pour la plus grande édification des voisins ? dit Nini-Moulin. Songez que j’ai des choses très-graves à vous apprendre, des choses qui vont vous renverser…

— Donnez-moi donc le temps de passer une robe… gros tourment !

— Si c’est à cause de ma pudeur, ne vous exagérez pas la susceptibilité ; je ne suis pas bégueule, je vous accepterai très-bien comme vous êtes.

— Et dire qu’un monstre pareil est le chéri de toutes les sacristies ! dit Rose-Pompon en ouvrant la porte et en finissant d’agrafer une robe à sa taille de nymphe.

— Ah ! vous voilà donc enfin revenu au colombier, gentil oiseau voyageur ? dit Nini-Moulin en croisant les bras et en toisant Rose-Pompon avec un sérieux comique. Et d’où sortez-vous,