Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/172

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peines assez sévères, contre une pareille rébellion.

— Ils osent plus encore, monseigneur : quelques-uns songent à faire un schisme, à demander que l’Église française soit absolument séparée de Rome, sous le prétexte que l’ultramontanisme a dénaturé, corrompu la pureté primitive des préceptes du Christ. Un jeune prêtre, d’abord missionnaire, puis curé de campagne, l’abbé Gabriel de Rennepont, que j’ai fait mander à Paris par ses supérieurs, s’est fait le centre d’une sorte de propagande ; il a rassemblé plusieurs desservants des communes voisines de la sienne, et tout en leur recommandant une obéissance absolue à leurs évêques, tant que rien ne serait changé dans la hiérarchie existante, il les a engagés à user de leurs droits de citoyens français pour arriver légalement à ce qu’ils appellent l’affranchissement du bas clergé. Car, selon lui, les prêtres de paroisses sont livrés au bon plaisir des évêques qui les interdisent et leur ôtent leur pain sans appel ni contrôle[1].

  1. Un ecclésiastique aussi honorable qu’honoré nous a cité le fait d’un pauvre jeune prêtre de paroisse qui, interdit par son évêque sans aucune raison valable, mourant de faim et de misère, a été réduit (en cachant son saint caractère, bien entendu) à servir comme garçon de café à