Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/189

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— Il en résulte d’abord, dit Rodin, que lorsque le plus dangereux ennemi que l’on puisse avoir est dangereusement blessé, il quitte le champ de bataille ; c’est déjà quelque chose, ce me semble ?

— En effet, dit la princesse, l’esprit, l’audace de mademoiselle de Cardoville pouvaient en faire l’âme de la coalition dirigée contre nous.

— Soit, reprit obstinément le père d’Aigrigny ; sous ce rapport elle n’est plus à craindre, c’est un avantage. Mais cette blessure au cœur ne l’empêchera pas d’hériter ?

— Qui vous l’a dit ? demanda froidement Rodin avec assurance. Savez-vous pourquoi j’ai tant fait pour la rapprocher, d’abord malgré elle, de Djalma, et ensuite pour l’éloigner de lui encore malgré elle ?

— Je vous le demande, dit le père d’Aigrigny, en quoi cet orage de passions empêchera-t-il mademoiselle de Cardoville et le prince d’hériter ?

— Est-ce d’un ciel serein ou d’un ciel d’orage que part la foudre qui éclate et qui frappe ? Soyez tranquille, je saurai où placer le paratonnerre. Quant à M. Hardy, cet homme vivait pour trois choses : pour ses ouvriers, pour un ami, pour une maîtresse ! Il a reçu trois traits en plein cœur.