Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/223

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des talons et du fouet, malgré les recommandations impuissantes du soldat du train, qui, contenant à peine ses chevaux, suivait malgré lui l’allure désordonnée que le charretier donnait à l’attelage. Aussi, l’ivrogne, ayant dévié de sa route, vint droit sur la berline, et l’accrocha.

À ce choc, le couvercle du fourgon se renversa, et, lancé en dehors par cette violente secousse, un des cercueils, après avoir endommagé la portière de la berline, retomba sur le pavé avec un bruit sourd et mat.

Cette chute disjoignit les planches de sapin clouées à la hâte, et, au milieu des éclats du cercueil, on vit rouler un cadavre bleuâtre, à demi enveloppé d’un suaire.

À cet horrible spectacle, madame de Morinval, qui avait machinalement avancé la tête à la portière, perdit connaissance en poussant un grand cri.

La foule recula avec frayeur ; les postillons de la berline, non moins effrayés, profitant de l’espace qui s’était formé devant eux par la brusque retraite de la multitude, lors du passage du fourgon, fouettèrent leurs chevaux, et la voiture se dirigea vers le quai.

Au moment où la berline disparaissait derrière les derniers bâtiments de l’Hôtel-Dieu, on entendit au loin les fanfares retentissantes