Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/258

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À cette vue, Céphyse, dans un premier mouvement d’effroi, emportée par son affection, fit ce qu’autrefois elle avait si souvent fait dans l’ivresse de la joie et du plaisir. Agile et preste, au lieu de perdre à un long détour un temps précieux, elle sauta sur la table, passa légèrement à travers les bouteilles, les assiettes, et d’un bond fut auprès de Couche-tout-Nu.

— Jacques ! s’écria-t-elle sans remarquer encore le dompteur de bêtes et en se jetant au cou de son amant, Jacques ! c’est moi… Céphyse…

Cette voix si connue, ce cri déchirant parti de l’âme, parut être entendu de Couche-tout-Nu ; il tourna machinalement la tête du côté de la reine Bacchanal, sans ouvrir les yeux, et poussa un profond soupir ; bientôt ses membres roidis s’assouplirent, un léger tremblement remplaça les convulsions, et au bout de quelques instants, ses lourdes paupières, péniblement relevées, laissèrent voir son regard éteint.

Muets et surpris, les spectateurs de cette scène éprouvaient une curiosité inquiète.

Céphyse, agenouillée devant son amant, couvrait ses mains de larmes, de baisers, et s’écriait d’une voix entrecoupée de sanglots :