Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/275

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la tête nue et la figure pâle et courroucée.

Aussitôt un grand nombre de personnes qui composaient l’attroupement se mirent à la poursuite de Goliath, et cent voix crièrent :

— Arrêtez… arrêtez l’empoisonneur !

Entendant ces cris, voyant accourir un homme à l’air sinistre et égaré, un garçon boucher qui passait et portait sur sa tête une grande manne vide jeta ce panier entre les jambes de Goliath ; celui-ci, surpris par cet obstacle, fit un faux pas et tomba… le garçon boucher, croyant faire une action aussi héroïque que s’il se fût jeté à la rencontre d’un chien enragé, se précipita sur Goliath et se roula avec lui sur le pavé en criant :

— Au secours ! c’est un empoisonneur… Au secours !

Cette scène se passait à peu de distance de la cathédrale, mais assez loin de la foule qui se pressait à la porte de l’Hôtel-Dieu, et de la maison du restaurateur où était entrée la mascarade du choléra (ceci avait lieu à la tombée du jour) ; aux cris perçants du boucher, plusieurs groupes, à la tête desquels se trouvaient Ciboule et le carrier, coururent vers le lieu de la lutte, pendant que les passants qui poursuivaient le prétendu empoisonneur depuis la rue de la Calandre, arrivaient de leur côté sur le parvis.