Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/313

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— Oui ! oui ! allez vite, mon enfant, dit Gabriel à l’obligeant gamin.

Pendant que celui-ci perçait la foule, une voix dit :

— J’ai une bouteille d’osier avec de l’eau-de-vie dedans, ça peut-il servir ?

— Sans doute, répondit vivement Gabriel ; donnez, donnez… on frottera les tempes du malade avec ce spiritueux, et on le lui fera respirer…

— Passez la bouteille…, cria Ciboule, et surtout ne mettez pas le nez dedans…

La bouteille, passant de mains en mains avec précaution, parvint intacte jusqu’à Gabriel.

En attendant l’arrivée de la voiture, le père d’Aigrigny avait été momentanément assis sur une chaise ; pendant que plusieurs hommes de bonne volonté soutenaient soigneusement l’abbé, le missionnaire lui faisait aspirer un peu d’eau-de-vie ; au bout de quelques minutes, ce spiritueux agit puissamment sur le jésuite ; il fit quelques mouvements, et un profond soupir souleva sa poitrine oppressée.

— Il est sauvé… il vivra, s’écria Gabriel d’une voix triomphante, il vivra… mes frères.

— Ah ! tant mieux !… dirent plusieurs voix.

— Oh ! oui, tant mieux ! mes frères, reprit Gabriel, car, au lieu d’être accablés par les re-