Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/316

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tible influence de cette harmonie enchanteresse.

Alors bien des yeux, jusque-là secs et farouches, se mouillèrent de larmes ;… bien des cœurs endurcis battirent doucement, en se rappelant les mots prononcés par Gabriel avec un accent si tendre : Aimons-nous les uns les autres.

Ce fut à ce moment que le père d’Aigrigny revint à lui… et ouvrit les yeux.

Il se crut sous l’impression d’un rêve…

Il avait perdu les sens à la vue d’une populace en furie, qui, l’injure et le blasphème aux lèvres, le poursuivait de cris de mort jusque dans le saint temple. Le jésuite rouvrait les yeux… et à la pâle clarté des lampes du sanctuaire, aux sons religieux de l’orgue, il voyait cette foule naguère si menaçante, si implacable, alors agenouillée, silencieuse, émue, recueillie, et courbant humblement le front devant la majesté du saint lieu.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Quelques minutes après, Gabriel, porté presque en triomphe sur les bras de la foule, montait dans la voiture au fond de laquelle était étendu le père d’Aigrigny, qui avait peu à peu complètement repris ses esprits.

Cette voiture, d’après l’ordre du jésuite, s’ar-