Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/330

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qu’un mur assez élevé rendait invisible ; à travers une fenêtre ouverte et grillée on entendait le tintement métallique d’un maniement d’écus presque continuel ; tantôt ils semblaient ruisseler comme si on les eût vidés d’un sac sur une table, tantôt ils rendaient ce bruit sec des piles que l’on entasse.

Dans ce bâtiment se trouvait la caisse commerciale où l’on venait acquitter le prix des gravures, des chapelets, etc., fabriqués par la congrégation et répandus à profusion en France par la complicité de l’Église, livres presque toujours stupides, insolents, licencieux[1], ou menteurs, ouvrages détestables, dans lesquels tout ce qu’il y a de beau, de grand, d’illustre, dans la glorieuse histoire de notre république immortelle, est travesti ou insulté en langage des halles. Quant aux gravures représentant les miracles modernes, elles étaient annotées avec une effronterie burlesque qui dépasse de beaucoup les affiches les plus bouffonnes des saltimbanques de la foire.

Après avoir complaisamment écouté le bruis-

  1. Pour ne citer qu’un de ces livres, nous indiquerons un opuscule vendu dans le mois de Marie et où se trouvent les détails les plus révoltants sur les couches de la Vierge. Ce livre est destiné aux jeunes filles.