Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/392

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de déplorables nouvelles, dit le père d’Aigrigny, qu’un moment nous avons craint pour sa vie… tandis qu’au contraire le révérend père a eu la force d’aller jusqu’à ce bureau où il écrit depuis dix minutes avec une clarté de raisonnement, une netteté d’expression dont vous nous voyez confondus, monseigneur et moi.

— Plus de doute, s’écria le docteur, le violent accès de désespoir qu’il a éprouvé, a causé chez lui une perturbation violente qui prépare admirablement bien la crise réactive que je suis maintenant presque sûr d’obtenir par l’opération.

— Persistez-vous donc à la faire ? dit tout bas le père d’Aigrigny au docteur Baleinier, pendant que Rodin continuait d’écrire.

— J’aurais pu hésiter, ce matin encore ; mais, disposé comme le voilà… je vais profiter à l’instant de cette surexcitation, qui, je le prévois, sera suivie d’un grand abattement.

— Ainsi, dit le cardinal, sans l’opération…

— Cette crise si heureuse, si inespérée, avorte… et sa réaction peut le tuer, monseigneur.

— Et l’avez-vous prévenu de la gravité de l’opération ?…

— À peu près… monseigneur.

— Mais il serait temps… de le décider.