Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/405

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pénétrante, commença de se répandre dans la chambre silencieuse… et chaque aide entendit sous le trépied fumant une légère crépitation : … c’était la peau de Rodin qui se fendait sous l’action du feu et se crevassait en quatre endroits différents de sa poitrine…

La sueur ruisselait de son visage livide qu’elle rendait luisant ; quelques mèches de cheveux gris, raides et humides, se collaient à ses tempes. Parfois, telle était la violence de ses spasmes, que sur ses bras roidis ses veines se gonflaient et se tendaient comme des cordes prêtes à se rompre.

Endurant cette torture affreuse avec autant d’intrépide résignation que le sauvage dont la gloire consiste à mépriser la douleur, Rodin puisait son courage et sa force dans l’espoir… nous dirions presque dans la certitude de vivre… Telle était la trempe de ce caractère indomptable, la toute-puissance de cet esprit énergique, qu’au milieu même de tourments indicibles, son idée fixe ne l’abandonna pas… Pendant les rares intermittences que lui laissait la souffrance, souvent inégale, même à ce degré d’intensité, Rodin songeait à l’affaire Rennepont, calculait ses chances, combinait les mesures les plus promptes, sentant qu’il n’y avait pas une minute à perdre.