Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/413

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

se dessine la forme anguleuse et roide d’un cadavre.

C’est le corps de la mère Arsène ; atteinte du choléra, elle a succombé depuis la surveille : les enterrements étant très-nombreux, ses restes n’ont pas encore pu être enlevés.

La rue Clovis est alors presque déserte ; il règne au dehors un silence morne, souvent interrompu par les aigres sifflements du vent du nord-est ; entre deux rafales, on entend parfois un petit fourmillement sec et brusque ;… ce sont des rats énormes qui vont et viennent sur le monceau de charbon.

Soudain, un bruit léger se fait entendre ; aussitôt ces animaux immondes se sauvent et se cachent dans leurs trous.

On tâchait de forcer la porte qui de l’allée communiquait dans la boutique ; cette porte offrait d’ailleurs peu de résistance ; au bout d’un instant, sa mauvaise serrure céda, une femme entra et resta quelques moments immobile au milieu de l’obscurité de cette cave humide et glacée.

Après une minute d’hésitation, cette femme s’avança ; le rayon lumineux éclaira les traits de la reine Bacchanal ; elle s’approcha peu à peu de la couche funèbre.

Depuis la mort de Jacques, l’altération des