Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/418

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Puis se reprenant aussitôt sans laisser parler la Mayeux, Céphyse ajouta d’une voix brève et saccadée :

— D’ailleurs, à quoi bon discuter ?… je suis décidée ; rien au monde ne m’empêcherait d’en finir, puisque toi… toi… sœur chérie, tout ce que tu as pu obtenir… de moi… c’est un retard de quelques jours… espérant que le choléra nous épargnerait la peine… Pour te faire plaisir, j’y consens ; le choléra vient… tue tout dans la maison… et nous laisse… Tu vois bien, il vaut mieux faire ses affaires soi-même, ajouta-t-elle en souriant de nouveau d’un air sardonique.

Puis, elle reprit :

— Et d’ailleurs, toi qui parles, pauvre sœur… tu en as aussi envie que moi… d’en finir… avec la vie.

— Cela est vrai, Céphyse, répondit la Mayeux qui semblait accablée. Mais seule… on n’est responsable que de soi… et il me semble que mourir avec toi, ajouta-t-elle en frissonnant, c’est être complice de ta mort…

— Aimes-tu mieux en finir… moi de mon côté… toi du tien ?… Ça sera gai… dit Céphyse, montrant dans ce moment terrible cette espèce d’ironie amère, désespérée, plus fréquente qu’on ne le croit au milieu des préoccupations mortelles.