Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/481

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à cette pauvre Céphyse qu’elle peut, comme vous, compter sur moi. (Et Rose-Pompon se rengorgea gentiment.) Soyez tranquilles. Tiens, c’est bien le moins, quand on se trouve dans une heureuse passe, que vos amies qui ne sont pas heureuses s’en ressentent ; ça serait encore gracieux de garder le bonheur pour soi toute seule ! C’est ça… Empaillez-le donc tout de suite, votre bonheur ; mettez-le donc sous verre ou dans un bocal, pour que personne n’y touche !… Après ça… quand je dis mon bonheur… c’est encore une manière de parler ; il est vrai que, sous un rapport… Ah bien, oui ! mais aussi sous l’autre, voyez-vous, ma bonne Mayeux, voilà la chose… Mais bah !… après tout, je n’ai que dix-sept ans… Enfin, c’est égal… je me tais, car je vous parlerais comme ça jusqu’à demain que vous n’en sauriez pas davantage… Laissez-moi donc encore une fois vous embrasser de bon cœur… et ne soyez plus chagrine… ni Céphyse non plus ;… entendez-vous ?… car maintenant je suis là…

Et Rose-Pompon, assise sur ses talons, embrassa cordialement la Mayeux.

Il faut renoncer à exprimer ce qu’éprouva mademoiselle de Cardoville pendant l’entretien… ou plutôt pendant le monologue de la grisette, à propos de la tentative de suicide de