Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/488

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bizarre et grotesque chaos des objets les plus disparates : déguisements de bals masqués, têtes de mort fumant des pipes, bottes errantes sur des bibliothèques, verres monstres, vêtements de femmes et pipes culottées, etc.

À l’étonnement d’Adrienne succéda une impression de répugnance pénible : la jeune fille se sentait mal à l’aise, déplacée, dans cet asile, non de la pauvreté, mais du désordre, tandis que la misérable mansarde de la Mayeux ne lui avait causé aucune répulsion.

Rose-Pompon, malgré ses airs délibérés, ressentait une assez vive émotion depuis qu’elle se trouvait tête à tête avec mademoiselle de Cardoville ; d’abord la rare beauté de la jeune patricienne, son grand air, la haute distinction de ses manières, la façon à la fois digne et affable avec laquelle elle avait répondu aux impertinentes provocations de la grisette, commençaient à imposer beaucoup à celle-ci, et de plus, comme elle était, après tout, bonne fille, elle avait été profondément touchée d’entendre mademoiselle de Cardoville appeler la Mayeux sa sœur, son amie.

Rose-Pompon, sans savoir aucune particularité sur Adrienne, n’ignorait pas qu’elle appartenait à la classe la plus riche et la plus élevée de la société ; elle ressentait donc déjà quelques