Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/500

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tendre dans l’esprit ; je ris, je pleure ; enfin je lui déclare que je l’adore… Qu’est-ce qu’il me répond à cela de sa voix douce et pas plus ému qu’un marbre ? « Pauvre enfant ! pauvre enfant !… » reprit Rose-Pompon avec indignation ; ni plus ni moins que si j’étais venue me plaindre à lui d’un mal de dent, parce qu’il me poussait une dent de sagesse… Mais ce qu’il y a d’affreux, c’est que je suis sûre que s’il n’était pas malheureux d’autre part en amour, ce serait un vrai salpêtre ; mais il est si triste, si abattu !

Puis, s’interrompant un moment, Rose-Pompon ajouta :

— Au fait… non… je ne veux pas vous dire cela… vous seriez trop contente…

Enfin, après une pause d’une autre seconde :

— Ah bien ! ma foi ! tant pis ! je vous le dis, reprit cette drôle de petite fille en regardant mademoiselle de Cardoville avec attendrissement et déférence ; pourquoi me taire, après tout ? J’ai commencé par vous dire, en faisant la fière, que le Prince Charmant voulait m’épouser, et j’ai fini, malgré moi, par vous avouer qu’il m’avait environ mise à la porte. Dame ! ce n’est pas ma faute, quand je veux mentir, je m’embrouille toujours. Aussi, tenez, madame, voilà la vérité pure. Quand je vous ai ren-