Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/53

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milieu des émotions les plus douces, les plus ineffables ; l’impression qu’elle éprouvait était si enivrante, qu’elle semblait s’y complaire et craindre d’en perdre le moindre sentiment ; puis la réflexion lui disant que peut-être elle était dupe d’une illusion ou d’un mensonge, elle s’écria tout à coup avec angoisse, en s’adressant à M. de Montbron :

— Mais ce que vous me dites… est vrai… au moins ?…

— Ce que je vous dis !

— Oui… que le prince Djalma…

— Vous aime comme un insensé ? Hélas ! cela n’est que trop vrai…

— Non… non…, s’écria Adrienne, avec une expression ravissante de naïveté, cela ne saurait être jamais trop vrai…

— Que dites-vous ?… s’écria le comte.

— Mais cette… femme ?… demanda Adrienne, comme si ce mot lui eût brûlé les lèvres.

— Quelle femme ?…

— Celle qui était la cause de ces déchirements si douloureux.

— Cette femme ?… qui voulez-vous que ce fût, sinon vous !

— Moi !… Oh ! oui, c’était moi ; n’est-ce pas ? rien que moi !

— Sur l’honneur… croyez-en mon expé-