Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/557

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Le prince tressaillit ; c’était le moment de partir pour son rendez-vous avec Adrienne.

L’admirable figure de Djalma, encore embellie par la douce et ineffable expression dont elle s’était animée en parlant au métis, sembla s’illuminer d’un rayon divin.

S’approchant de Faringhea, il lui tendit la main avec un geste rempli de mansuétude et de grâce, en lui disant :

— Ta main…

Le métis, dont le front était baigné d’une sueur froide, dont les traits étaient pâles, altérés, presque décomposés, hésita un instant ; puis, dominé, vaincu, fasciné, il tendit en frissonnant sa main au prince, qui la serra et lui dit, à la mode de son pays :

— Tu mets loyalement ta main dans la main d’un ami loyal… Cette main sera toujours ouverte pour toi… Adieu, Faringhea… Je me sens maintenant plus digne de m’agenouiller devant l’ange.

Et Djalma sortit afin de se rendre chez Adrienne.

Malgré sa férocité, malgré la haine impitoyable qu’il portait à l’espèce humaine, bouleversé par les nobles et clémentes paroles de Djalma, le sombre sectateur de Bohwanie se dit avec terreur :